< Retour
Autre

Quelle place pour l’énergie nucléaire dans un monde décarboné ?

Depuis les Accords de Paris de 2015, l’énergie nucléaire est plus que jamais au cœur des politiques énergétiques de nombreux pays, dont la France. Ce mode de production électrique s’impose aujourd’hui dans les stratégies de mix énergétique, présentant l’avantage d’être décarboné, pilotable, compétitif et en capacité de répondre à une demande en électricité toujours plus importante.

Dans ce contexte, EDF consolide sa forte implantation sur le marché de la construction et de l’exploitation des réacteurs nucléaires civils. À cette occasion, le groupe national développe des partenariats innovants avec différents prestataires et équipementiers, notamment le groupe Prysmian.

Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’État français, comme la majorité des grandes puissances industrielles et militaires, a choisi d’exploiter la technologie nucléaire à des fins civiles et, plus spécifiquement, pour produire de l’électricité. Le premier objectif était déjà de répondre à une demande en forte croissance.
Dans les années 70, suite aux deux chocs pétroliers, les dirigeants occidentaux, notamment français et allemands, ont encore accéléré le déploiement du nucléaire afin de préserver en partie l’autonomie énergétique de leurs pays face à la hausse des prix des hydrocarbures. Ainsi, au cours des trois dernières décennies du XXᵉ siècle, plus de 70 réacteurs nucléaires ont été construits en France par EDF, qui s’est affirmée comme l’un des leaders internationaux de ce marché, lequel représente 220 000 emplois dans l’Hexagone (et 150 000 embauches prévues dans les 10 prochaines années).

Durée de vie prolongée des réacteurs

Actuellement, répartis sur 18 sites, 57 de ces réacteurs sont opérationnels et produisent près de 70 % de l’électricité en France. Avec cohérence, l’un des premiers objectifs d’EDF est de prolonger leur durée de vie au-delà de 50 ans.
« Depuis leur mise en service, ces réacteurs font bien évidemment l’objet de remises à niveau très rigoureuses et bénéficient des évolutions technologiques pour gagner en compétitivité et en sûreté. Grâce à ces investissements, qui répondent à la stratégie d’indépendance énergétique poursuivie par l’État, nous sommes potentiellement, et sous réserve de la validation de l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), en capacité de les maintenir en fonctionnement durant plusieurs décennies encore », explique Alice Aubert, Directrice stratégie supply chain d’EDF, rappelant qu’à l’origine, les centrales avaient été conçues pour une durée de vie de 40 ans.

On observe des évolutions similaires à l’international, en particulier aux États-Unis, où les géants de la tech comme Microsoft, Amazon et Oracle investissent dans le rachat et la modernisation de réacteurs existants afin de s’implanter durablement sur ce marché de plus en plus porteur. Ces groupes travaillent notamment à prolonger la durée de vie des réacteurs sur plus de huit décennies, dans un pays où la gestion des centrales est, contrairement à la France, confiée à des acteurs privés qui visent avant tout la rentabilité des sites.

Quatre EPR déjà opérationnels

En parallèle, les réacteurs dits de troisième génération sont mis en service sur toute la planète. Construits par des groupes français, américains, japonais, russes, chinois ou encore coréens, ils ont en commun d’être plus performants, mieux sécurisés, de consommer moins d’uranium et, par conséquent, de produire moins de déchets radioactifs.

Au premier rang de cette catégorie figurent les EPR (European Pressurized Reactor), développés par EDF et Framatome, qui s’appuient sur plusieurs décennies d’expérience dans le nucléaire. Quatre EPR sont déjà opérationnels en Chine, en Finlande et en France, où l’EPR de Flamanville 3 a été raccordé au réseau en décembre 2024 et est en phase de montée en puissance. Deux autres EPR sont en construction en Grande-Bretagne, à la centrale nucléaire d’Hinkley Point, et deux autres sont programmés sur le site de Sizewell, tandis que plusieurs projets émergent en Europe et en Inde. Ces réacteurs à eau pressurisée se distinguent à la fois par leur puissance (1 600 MW contre 1 100 à 1 200 MW pour les réacteurs concurrents) et leur rendement énergétique. De plus, les EPR comprennent une double enceinte de confinement et un cœur plus résistant, garantissant une sûreté renforcée. Ils sont conçus pour fonctionner pendant au moins 60 ans.

« Pour mener à bien ce programme, il a fallu réactiver la filière des métiers du nucléaire afin de redévelopper des expertises qui n’avaient plus été sollicitées depuis une dizaine d’années notamment dans notre industrie. Nous avons mis en place un programme d’investissement important tant sur la formation du personnel que dans l’amélioration de notre outil productif afin d’accompagner la forte croissance d’EDF pour ces projets actuels et futurs. », affirme Fabien Queffelec, Directeur commercial Industrie & Spéciaux au sein du groupe Prysmian. « Désormais, ce secteur connaît une nouvelle dynamique, nous offrant l’opportunité de développer des produits innovants et toujours plus performants, en nous appuyant notamment sur la technologie de la fibre optique. Ce travail, mené en coopération avec EDF pour répondre le plus précisément possible aux besoins, est principalement réalisé sur notre site de Paron, dans l’Yonne, dédié à la fabrication des câbles pour le nucléaire. »

Plusieurs dizaines de milliards d’euros à investir

Dans les années à venir, plusieurs dizaines de milliards d’euros seront investis par les acteurs publics et privés, sur tous les continents, pour le renouvellement et l’extension du parc nucléaire global. Une quarantaine de nouveaux réacteurs pourraient ainsi voir le jour en Europe.
Après une période de stagnation, voire de déclin au début du XXIᵉ siècle (rappelons que l’Allemagne a renoncé au nucléaire il y a seulement dix ans), l’industrie nucléaire civile connaît un nouvel essor, et son développement représente un triple enjeu majeur : économique, technologique et environnemental.
« En prolongeant la durée de vie des anciens réacteurs et en déployant cette nouvelle génération, nous vivons une transition dans la continuité, qui doit nous permettre de répondre à des besoins en électricité de plus en plus importants », résume Alice Aubert.

Ce regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire peut se résumer en un mot : décarboné. En effet, l’exploitation de l’énergie nucléaire génère une très faible quantité de gaz à effet de serre sur l’ensemble de son cycle et ne contribue donc quasiment pas au réchauffement climatique.
Sans être une énergie renouvelable dans sa technologie actuelle dite de génération III – la ressource en uranium n’est pas inépuisable et pourrait se tarir d’ici un siècle –, le nucléaire constitue, en ce sens, l’une des réponses à l’urgence climatique. Il trouve toute sa place dans la stratégie de transition écologique, qui doit permettre de renoncer progressivement à l’usage des hydrocarbures. Il s’inscrit dans un mix énergétique, privilégié par un nombre croissant d’États, et qui associe le solaire, l’éolien, l’hydrogène, la biomasse… et le nucléaire.

Une énergie compétitive

Dans ce mix, l’énergie nucléaire possède des atouts spécifiques qui renforcent son intérêt et expliquent son regain d’attractivité.
En premier lieu, contrairement à l’éolien ou au solaire, soumis aux aléas climatiques, le nucléaire garantit une production électrique stable, abondante et maîtrisable. En ce sens, il permet de répondre efficacement à un autre enjeu de la transition énergétique : être en capacité de faire face à une forte augmentation de la consommation électrique mondiale, dans un contexte où l’abandon des moteurs thermiques est programmé.
« Le nucléaire demeure un pilier parmi les énergies que nous exploitons dans le cadre de la transition énergétique », constate le Responsable Stratégie – Installations électriques à la Direction Stratégie Supply Chain d’EDF.

Pour autant, l’utilisation de l’énergie nucléaire dans la production électrique continue de soulever des interrogations pour deux raisons majeures : la gestion des déchets radioactifs et la nécessité de renforcer en permanence la sûreté et la sécurité des centrales.
« La sûreté nucléaire et la sécurité sont bien les enjeux prioritaires de cette industrie ! », affirme Fabien Queffelec. « C’est pourquoi tous les industriels du secteur, encore marqués par les accidents de Tchernobyl et de Fukushima, sont dans une logique d’amélioration continue, renforçant sans cesse les standards de sécurité et prenant mieux en compte les conséquences du réchauffement climatique, notamment l’augmentation des événements naturels extrêmes. »
Dans cette logique, l’évolution des process a permis de réduire de 36 % la production de déchets radioactifs. Pour autant, la sécurisation du stockage de ces déchets demeure un enjeu dont ont pleinement conscience tous les industriels du secteur.

Un partenariat étroit avec EDF

« Ce travail s’inscrit dans des cycles longs », ajoute Fabien Queffelec, précisant que Prysmian est membre du GIFEN, le Groupement des Industriels Français de l’Énergie Nucléaire, et s’efforce d’obtenir toutes les certifications démontrant sa capacité à répondre aux enjeux de sécurité et environnementaux.
De son côté, EDF entend renforcer ses coopérations avec ses prestataires de premier rang, dont le groupe Prysmian. « Notre objectif est de nous appuyer sur des produits rationalisés et standardisés correspondant à nos besoins. C’est pourquoi nous souhaitons travailler en direct avec nos équipementiers », explique le Responsable Stratégie – Installations électriques à la Direction Stratégie Supply Chain d’EDF.

En conclusion, le nucléaire s’impose comme une réponse économiquement et techniquement adaptée aux enjeux du réchauffement climatique et de la hausse de la demande énergétique. Cette énergie tient même une part prépondérante dans le mix énergétique, aux côtés des énergies dites renouvelables. En ce sens, le succès rencontré tous les 2 ans par le salon WNE (World Nuclear Exhibition), auquel participe assidûment Prysmian, met en évidence la bonne santé économique du secteur d’activités. Ainsi, pour sa prochaine édition, organisée en novembre prochain au parc des expositions de Villepinte, cet événement incontournable rassemblera à nouveau près de 25 000 visiteurs professionnels et près de 800 exposants issus de plus de 80 pays.Toutefois, un éventuel regain d’intérêt pour l’usage des énergies fossiles se fait jour dans certains pays et pourrait remettre en question cette dynamique. Néanmoins, la compétitivité économique du nucléaire et l’expertise d’EDF dans ce secteur demeurent des atouts majeurs, et le développement d’une dynamique européenne apparaît comme une force pour maintenir cette croissance.

Prysmian

Explorez les dernières actualités du groupe

En savoir plus